ALICE AU PAYS DE LA MÉMOIRE

. Fiction, 77 minutes

.Scénarisation et réalisation Annie Molin Vasseur
Collaboration Alisi Telengut

. Dans le rôle d’Alice : Lili Vasseur

. Musique Marc Poellhuber
Voix Rebecca Haéri

. Direction photo : Christian Rivera (Mongolie), Manuel Codina (France), Bruno Desrosiers (Canada)

. Son : Anthony Salvo (Mongolie/France)
Sandra Lefebvre (Québec)

. Montage : Annie Molin Vasseur,
Philippe Vasseur, Pierre Ducrocq et Emmanuelle Boileau

. Production : Annie Molin Vasseur,
Direction de production Gaëlle Goulet-Bourdon et Margaux Ouimet

. Direction de postproduction : Philippe Vasseur
. Direction musicale et conception sonore Louis Haéri
. Direction colorisation Chloé Raimon

(Tournages réalisés en Mongolie en juin 2017, en France en septembre 2017 et au Canada, à Montréal en juillet 2021).

PITCH

ALICE questionne sa grand-mère MAMITA, qui l’a élevée, sur la disparition de sa mère quand elle avait quatre ans. La traversée de la mémoire va révéler un second drame familial.

NOTE DE LA RÉALISATRICE

Alice au pays de la mémoire, quelle mémoire?
Assurément une mémoire profonde liée à la génétique et à l’épigénétique des protagonistes et à la mémoire collective. Ce qui nous colle à la peau! Alice a oublié le trauma de ses quatre ans quand sa mère disparaît et un drame plus ancien encore. Quelle est l’origine première? Est-ce cela que cherche Alice? Elle ne sait de quoi est fait le manque à savoir qui finira par se révéler progressivement tel un continent immergé dans ses images : imagination et réalité mêlées. Le temps est-il cet entrelacs de zones perméables où tout ce qui apparaît se défait et réapparaît? Ou une fable érigée par la conscience cherchant à éclairer le point aveugle de toute angoisse existentielle? Je note un fil rouge dans mes productions : ce qui déborde la matière et interroge la transcendance de l’image, le hors-champ, la mémoire noire émanant de l’inconscient personnel et collectif. Pour Alice, la quête du sens de la vie en est le pivot.

Comment alors appeler sur l’écran cet invisible du hors-champ en le rendant présent? Quelques procédés cinématographiques sont utilisés pour cerner le réel fantomatique de l’image dans l’émergence de traces mémorielles. Le rythme lent du film souligne ce long processus d’intégration dans la conscience. La répétition des images appartient au même dévoilement, elles apparaissent, disparaissent et reviennent visiter les questions d’Alice. Les superpositions de plans révèlent le chevauchement entre la mémoire profonde et les souvenirs. Enfin le grand nombre de références culturelles dans le film, si on veut « le plein » de la forme, signale l’incessante occupation d’images dans nos têtes, ce qu’Alice tente de clarifier. Ce plein (enfance, musées, et pays traversés) rend compte de la densité mnésique. La narration du film revient sans cesse sur l’incessant manège de l’esprit entre avancées et recul des traces qui modèlent sa pensée. Les voix off quant à elles participent grandement dans la trame sonore à l’évocation des souvenirs, dont entre autres les lectures du grand-père. De plus, les plans larges se substituent aux champs/contrechamps usuels : les voix sont entendues quand les visages ont disparu. Finalement, le montage même du film renforce le télescopage des images, lieux et périodes, suggérant le bouleversement de l’esprit du temps, sa multiplicité de points de vue. Le film déborde le réalisme et s’éloigne d’une narration chronologique.

Alice au pays de la mémoire n’a qu’un très lointain rapport avec Alice au pays des merveilles, sinon de partager un univers poétique et la traversée de la mémoire. Le poème filmique, cette plongée dans la conscience d’Alice en crise d’adolescence, est un appel de l’être. La poésie impulse avec force un monde intérieur. Il n’y a pas ici de contradiction entre rationnel et irrationnel.

Réaliser un film n’est pour moi ni juger ni cautionner son époque, mais regarder et interroger la complexité de son temps via notre sensibilité, nos réminiscences et la conscience collective. Reste à en saisir la forme. Le cinéma a-t-il suffisamment dominé la technique pour la décoder et se permettre de revenir à ce qui lui a été refusé à ses origines : le lien à la peinture, au théâtre et à la littérature… une poétique première?

Je crois qu’Alice au pays de la mémoire interroge modestement notre mémoire at large, ce marqueur de nos savoirs et de nos destructions, mais également de nos potentiels développements. L’humanité, à l’instar d’Alice, devra-t-elle dépasser son adolescence tumultueuse et coléreuse pour être moins destructrice et davantage créative? Le film pose des questions et ne prétend à aucune réponse didactique. Telle une petite bave d’escargot qui se loge poétiquement dans la tête d’Alice, il avance lentement, à l’instar de notre espèce, en questionnant les limitations de notre existence face à la présence inexorable des forces vitales en nous, dont celles de la mémoire.

Merci aux participants en production et postproduction dont les noms sont cités dans le générique, à tous ceux rencontrés dans les trois pays, Mongolie, France et Canada, qui ont participé au film. Leur présence signe le film. Je tiens à remercier particulièrement Alisi Telengut, car c’est grâce à son invitation d’aller en Mongolie que toute l’équipe a fait le voyage. Et avec beaucoup d’émotion, je remercie Philippe Vasseur et Lili Vasseur. Avant même que j’en prenne conscience, ce film est devenu une saga familiale bien que les faits présentés soient purement imaginaires. Je dédie ce film à mes deux enfants : Martine et Philippe.

Annie Molin Vasseur


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